Renard aux Cerialia, 2012

Lors des Cerialia, jeux donnés en l'honneur de Cérès, déesse romaine de la fécondité des champs, se déroulait un rituel archaïque, cruel et déroutant qu'Ovide est seul à nous faire connaître dans Les Fastes :
les prêtres procédaient à un lâcher de renards préalablement transformés en torches vivantes.
Cette pratique antique divise et intrigue toujours autant les historiens. Ils s'accordent toutefois sur le fait qu'il ne faut pas y voir un sacrifice à Cérès, mais plutôt un rituel magico-religieux, qui avait pour objet d'exercer sur les récoltes une action à la fois purificatrice et fécondante.

La peau de ce renard est une étole datant du début du 20e siècle. Accessoire de mode indispensable à l'époque, ces étoles, contrairement aux autres objets de luxe, ont complètement perdu leur valeur pécuniaire aujourd'hui. Pour preuve, je me fournis dans un centre Emmaüs au prix de dix euros pièce.

Quant au crâne de ce renard, il provient du site où je m'approvisionne régulièrement en ossements d'origine animale : un ravin où visiblement un ou plusieurs braconniers pensaient faire disparaître pour toujours les preuves de leurs méfaits, cruels et gratuits, fondés sur des croyances populaires faisant du renard un nuisible.

Le rameau d'or, qui dans l'Enéide a permis à Enée d'entrer et de ressortir vivant du royaume des morts, stigmatise ici la trajectoire de la balle de petit calibre qui l'a abattu.
 Renard aux Cerialia, 2012
étole de renard, os, paille, lin, cire d'abeille, saule blanchi
125cm de long
Renard aux Cerialia, 2012
étole de renard, os, paille, lin, cire d'abeille, saule blanchi
125cm de long